Maire

Auguste AÏHUNHIN

Histoire résumée de COVE

L'administration coloniale avait imaginé une route devant relier les terres d’Abomey et celles d’Agonlin en passant par Bohicon. A Agonli, la route devait traverser une forêt nommée Kponzoun (forêt hautement boisée, et protégée par la divinité Bossikpon), d’où le nom Kponzoun qui veut dire en langue locale abrégée << la forêt de Bossikpon >> et la diviser en deux. Cela n’était pas du goût de la divinité. Malgré la mise en garde des dignitaires du culte, le colon était resté ferme en ce qui concerne la trajectoire de ladite route. Seulement un jour, au détour d’une mission de traçage, un des hauts concepteurs et technicien du projet, un Européen accompagné de son collaborateur béninois, entreprit de faire une petite virée à bord d’une jeep de terrain. Voulant traverser une banale flaque d’eau au cœur de la forêt, la jeep disparu à jamais et eux avec.

L’histoire raconte que cet événement créa un tel émoi que la trajectoire de la route fut détournée. Mythe ou réalité ? Bossikpon, la divinité phare de Covè n’a pas fait parler d’elle qu’une seule fois. Elle frappe quiconque brave ses interdits qui, visiblement, ont vocation de protéger la faune et la flore. De ceux qui ont une fois voulu emporter des fruits du Kponzoun en vue de les commercialiser, au lieu d’en manger simplement sur place comme il était indiqué à ceux qui tentèrent d’exploiter le bois sec de cette forêt alors que c’était interdit, chacun aura connu sa sanction. Les premiers perdaient tout sens de l’orientation dans le Kponzoun, incapables de trouver le chemin de la sortie, jusqu’au moment où il leur venait à l’esprit de remettre les fruits à leur place. Quant aux seconds, il pouvait arriver qu’ils soient transformés en animal à la solde des chasseurs. Tant de récits ont nourri la mémoire collective des gens de ce territoire et même les voyageurs souvent tenus au respect et ainsi le Kponzoun a survécu au temps et aux assauts de l’homme. A la date d’aujourd’hui, la forêt est encore là, un peu plus menue certes, mais elle est là et juste à sa lisière, Agonlin Covè vous accueille.

Bienvenue à Agonlin, Terre rouge des Mahi ba só kpó (Peuple Mahi hors des collines); terre de mythes, de cultes et de masques, terres des “Zogbanou gogo waton”. Bienvenue chez le roi Zéhè.

Covè est l’une des 04 communes constituant ce qu’on pouvait appeler la région d’Agonlin. Elle est à environ 40 km d’Abomey, en direction de l’Est. Elle est devenue sous-préfecture en 1991 et Commune depuis la mise en œuvre de la loi sur la décentralisation au Bénin. Ce territoire que dirige le maire Auguste Ayihounhin, couvre une superficie de 525 km2 et est limitée au Nord par la commune de Dassa-Zounmè, au sud par Zogbodomey et Zagnanado, à l’ouest par Djidja, Za-kpota et Zogbodomey. Elle est composée de 36 villages et quartiers, regroupés en huit (08) arrondissements : Adogbé, Gounli, Houèko, Houen-Hounso, Laïta-Cogbé, Naogon, Soli et Zogba. Elle est arrosée par d’importants cours d’eau comme Lélé, Towé, Laha, Loto, Kètè, Wassa, Watè, Fionzoun etc…

Avec ses plus de 60.000 habitants, Covè est championne dans la préparation du Kluiklui Takinon (beignet d’arachide pimenté) vendu en direction de tout le reste du territoire béninois, du Azinmi (huile d’arachide) du Tomin logoué (plat saisonnier à base de maïs frais) du Bigo (plat à base de kluiklui frais mélagé à du gari et assaisonné de condiments) et du Wo flé flé (pâte de la veille, mélangé à la sauce au feu).

Covè, c’est la terre natale de Ignace Yetchénou, acteur et réalisateur béninois connu sous le surnom de Baba Olou ou Togbo ; de Fadji Missinhoun de H.2.0, et bien d’autres artistes de renom. C’est aussi le terroir de quelques personnalités politiques dont les ministres et députés Hervé Hèhomey, Aké Natondé et Janvier Yahouédéou.

Malgré toutes les mutations que Covè a connues, cette ville est une manifestation de la résistance des valeurs traditionnelles et pratiques cultuelles de ses ancêtres. Le Vodoun Dovo, est l’une des divinités phares de la commune après Bossikpon. Sont aussi présents et fortement pratiqués les cultes Sakpata, Hèviosso, Ninsouhoué, Kininsi et Abikou.

Covè c’est aussi la terre des sculpteurs habiles. Des artisans initiés y taillent des masques Guèlèdè authentiques et leurs ateliers sont de véritables attractions. La plupart des masques savamment peints sont « vivants » et charrient des fables animalières ou des situations sociales. Ses masques, on ne les entrepose pas n’importe comment. Seuls les pratiquants et initiés du Guèlèdè savent comment les disposer pour ne pas susciter des crises de jalousie et des « bagarres mystérieuses » entre eux les nuits, autrement, au matin, on les découvre amochés comme si quelqu’un les avait sérieusement brutalisés.

Propre à Covè spécifiquement, plus précisément à Houin, Agbangnahoué (maison de Agbangnan), on peut découvrir le rythme Lomba promu par le chanteur Gbemagnonmèdé.

Par ailleurs, si le Sato existe dans d’autres cultures, celui pratiqué à Covè n’est exécuté que par les orphelins. Le tam-tam principal de ce rythme a la forme d’un tronc d’arbre géant sculpté sur tout son corps, surmonté d’une peau d’animal tendue face au ciel. On le pose à la verticale au milieu des danseurs (trois ou quatre) qui doivent danser en tournant tout autour du tam-tam et sauter pour toucher de leur baguette sa face centrale. Les orphelins de pères utilisent une seule baguette qu’ils manient d’une main et exécutent le rythme d’une façon bien précise, et différente des orphelins de mère. Les orphelins de père et de mère quant à eux tiennent deux baguettes. Outre ces deux rythmes, Covè exécute le Hanhoun, qui est purement dédié aux cérémonies mortuaires, et jamais pour les occasions festives ; le Mami wata qui est proche du Bourian de Ouidah, le Akataounto, le Adjoba etc…

Les fils et filles de Covè, parlent Mahi et fongbé et parfois on peut rencontrer des locuteurs Yoruba ou Nago, surtout parmi les adeptes de Sakpata.

Parmi les attractions de Covè, il y a aussi ses sources thermales qui offrent de bons moments relaxants sous une petite cascade d’eau à température chaude (36 degrés) ; le palais du roi Zéhé d'Agolin ; la légende du masque Guèlèdè et les ateliers d’artisans.

Avec le PAG 2016-2021, Covè bénéficie de l’aménagement et du bitumage des routes Zangnanado-Banamè-Paouignan (53,00 km), Covè-Banamè (12,00 km) et Koguédé-Za-Kpota (5,20 km). Elle bénéficie aussi du projet de renforcement du système d’alimentation en eau potable conduit sur financement de Fonds koweïtien pour le développement économique arabe (Fkdea).

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