Histoire résumée de ABOMEY
Il existe un endroit au Bénin où l’on peut se faire sublimer par la prestance des femmes rondes, surtout quand elles s’emballent dans le rythme « Dogba », avec leur pagne noué à la poitrine, leur cou paré de bijoux en forme de cercle parfait et leur corps embelli et tacheté de kaolin. Juste à côté d’elles, les hommes toujours très fiers, peuvent vous tenir au respect, lorsque dans leurs larges étoffes nouées à la taille, ils offrent leur poitrine au monde, et que de leur paume de main, ils tirent dans des mouvements rythmés, synchronisés et répétitifs quelques rayons de soleil pour les y abattre sur leur torse afin que s’en élève vers le ciel le Akonhoun qui ponctuera la marche des Dadavi (princes) et des Nan (reines).
Bienvenue à Abomey : cité royale, cité princière, cité culturelle et cérémonielle, cité guerrière, terre des « Houegbadjavi » ; territoire de panégyriques claniques et de chants historiques. Là, la langue est une école de sagesse ; la parole est sacrée ; la pensée transite par les proverbes ; et le discours est élaboré avec minutie.
Abomey, du moins ce qui ressort du découpage administratif du territoire du puissant royaume de Danxomè (1625 –1900) est aujourd’hui à 145 km de Cotonou en allant du sud vers le centre du pays. Pour rappel, de 1625 jusqu’aux années 1900, Danxomè, Abomey (Agbomey) aura été l’un des royaumes les plus conquérants de la région du golfe de Guinée, mais aussi l’un des plus prospères par le commerce des esclaves et surtout la révolution économique grâce à la promotion du palmier à huile, conduite par son 9ème souverain officiel (Guezo ) .
Fondé par Houégbadja, descendant de Agassou (garçon prodigieux né de l’union mystérieuse entre la fille du roi de Tado et un léopard dans une forêt), Abomey a, dès sa création, reçu de son géniteur les bases d’une organisation structurelle et militaire admirable. Houegbadja l’a doté d’un corpus législatif de quarante et une lois (« les quarante et une lois de Houegbadja »). Il a établi sa capitale dans la plaine du plateau d’Abomey, et a installé à partir de son palais une imposante bureaucratie à vocation politique et religieuse. C’est le départ d’une idéologie expansionniste qui, sur près de 300 ans, a guidé tous les monarques qui se sont succédé sur le trône, à commencer par Akaba, son fils qui évinça un roi voisin nommé Dan et s’appropria une partie de son territoire d’alors. Danxomè est né « dans le ventre de Dan ».
L’un après l’autre, les souverains de Danxomè livrent des guerres de conquête à l’encontre des royaumes voisins et en sortent souvent vainqueurs avec leurs puissantes armées conduites par les Gaou. Abomey a eu la rage de s’étendre et son ingénierie militaire a fait parler d’elle surtout avec la naissance des « Agogiés » légendaires bataillons de femmes qui comme le chante avec tant de dextérité Michel Loukou (Alékpéhanwou) « …abattaient du bout des ongles, les guerriers ennemis sur les champs de bataille ». Elles étaient aussi intraitables que leurs souverains : Akaba, Agadja, Tégbéssou, Kpingla, Agonglo, Guezo, Glèlè, et Gbéhanzin dont le règne fut écourté par l’invasion coloniale française. Après Gbéhanzin, Agoli-Agbo sera monarque. La polémique autour de l’histoire d’Abomey fait aussi cas de deux monarques controversés et souvent non mentionnés que sont Tassi Hangbé, sœur jumelle de Akaba et seule femme ayant accédé au trône du Danxomè ; et de Adandozan, tuteur de Béhanzin et décrit comme un roi fou et sanguinaire
Abomey, aujourd’hui est une cité chargée de plus de trois siècles d’histoire multidimensionnelle. La ville regorge de reliques et de sites patrimoniaux conservés, et certains inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Plusieurs palais royaux, forêts sacrées, sépultures, objets témoin de l’art et de l’artisanat d’alors peuvent être vus. Abomey est aussi un pôle cosmopolite de rythmes et de divinités du panthéon Vaudoun, et pour cause, de retour de guerre, les Danxomènou ramenaient dans le royaume leurs captifs ainsi qu’une partie des divinités et des pratiques rencontrées chez les peuples vassalisés. On y trouve entre autres des cultes provenant du pays d’Oyo comme Egoun (culte des revenants), Sakpata (dieu de la terre et de la variole), d’autres provenant de l’ouest comme le Thron (Glo vodoun), Dan (dieu de la richesse). Lègba (dieu de la virilité) et Gou (dieu du fer et de la route) sont les plus présents au sein de la population. Mais il y a aussi Atchina, Hèviosso, Tohossou, Banglé, Atchigali, Kininsi etc…
De ce terroir sont nés entre autres personnalités : Justin Tometin Ahomadégbé, Théophile Béhanzin Paoletti, Maxime Houédjissin, Jean-Roger Ahoyo, Blaise Ahanhanzo Glèlè, Orden Alladatin (personnalités politiques) ; Maurice Ahanhanzo Glèlè ; Théodore Holo, Joseph Djogbénou (universitaires) ; Jean Pliya (écrivain). Cyprien Tokoudagba ; Koffi Gaou (Artistes visuels) ; Agbéhounkpan ; Michel Lokou ; Anagonou Vodjo ; Simplice Behanzin (Pipi Wobaho) et Pierre Zinko (Eléphant mouillé).
Sur sa superficie totale de 142.000 km2, Abomey est constituée de 07 arrondissements à savoir Zounzonmè, Detohou, Agbokpa, Sèhoun, Djêgbé, Hounli, Vidolé.
La commune d'Abomey est dirigée depuis les élections municipales et communales de mai 2020 par le maire Antoine Djèdou.
Dès son avènement en 2016, le gouvernement de Patrice Talon a lancé une offensive diplomatique pour le retour des biens culturels du Bénin ; ce qui permettra entre autres le retour de certains objets précieux comme le trône du roi Guézo exposé depuis des années au Musée du Quai Branly.
Par ailleurs, en termes d'infrastructures, la ville d’Abomey bénéficie de la réhabilitation de son stade omnisport au titre du programme de construction et de réhabilitation de 22 stades communaux sur l’étendue du territoire ; l’aménagement de la route Agbangnizoun – Abomey (12,39 Km) ; Aménagement et bitumage de la route Abomey-Djidja (32 km) ; aménagement et bitumage des routes Toffo-Lalo (28,44 km), Lalo-Agbangnizoun (20,12 km), Agbangnizoun-Abomey (12,37 km), Abomey-Djidja (23 km) ; l’aménagement et le bitumage des bretelles Agnagna-Rnie2, de la voie Cana-Abomey (9,90 km); Abomey-Mougnon (6,5km) et des bretelles Mougnon-Ceg2 Zakpo (8,20km), CEG2- Marché Bohicon (2,30km) et Actel Bohicon (0,80km) et Mougnon-Djidja (16,50 km).