Histoire résumée de AGUEGUES
Commune lacustre du Sud-Ouest du département de l’Ouémé au Bénin constituée d’un ensemble d’ilots de terre submersibles logés dans la partie basse du fleuve Ouémé, les Aguégués s'étendent sur 103 km2.
Chaque année, pendant la période de juillet-novembre, toute la commune est inondée et devient totalement lacustre à l’exception d’un seul village : Agbodjèdo dans l'arrondissement de Houédomè.
L’espace habité s’étend sur 500 m de large le long du fleuve Ouémé et est sujet d’inondations saisonnières pendant les crues où toute la commune devient lacustre.
« Aguégués » c’est le nom d'un tout petit bois que l’on utilise pour serrer le lacet avec lequel on lie un fagot de bois pour le transporter. On évoque cet instrument dans les expressions et pensées locales comme « egni do nake mavo, Aguégués non kpo ayi » ou encore « nake madouvo Aguégués mon non yi adome » pour dire que tant qu’on n’est pas en pénurie totale de bois de chauffage, Aguégués sera toujours épargné du feu. Ce petit bois frais ayant servi à attacher le fagot de bois est toujours épargné du feu. Au delà d’une intention de prière, cela rappelle aussi que les guerres de conquête de Danxomè ont ravagé presque toutes les zones du Bénin sauf « aguégués ».
L’histoire du peuplement des Aguégués fait référence aux événements du 17ème siècle. Deux principaux groupes socio-ethniques et linguistiques en seraient à l’origine. Les Toffinous, les premiers à s’installer à cet endroit, et les Ouémènous, venus plus tard.
Parmi ce groupe des Toffinous, deux collectivités se réclament comme la première occupante : les Djêviénou et les Dankonou.
Pour la collectivité des Djêviénou, leur premier descendant est Soholou Linzé-Agban. Il serait venu directement d’Adja Tado et plus précisément d’Adjahounzon. Sur son itinéraire migratoire, il se serait installé à Ahouansori Agué (actuel quartier Sainte Cécile de Cotonou) puis à Sô-Ava, une localité lacustre (devenue commune de Sô-Ava) où il avait installé un campement de chasse et de pêche (Ava).
Selon les récits oraux, Soholou a fait la rencontre de Tê-Agbanlin, fondateur de Hogbonou (qui fuyait les conflits fraticides qui déchiraient Allada) dans la région d’Akassato (dans l’actuelle commune d’Abomey-Calavi) en venant vendre une partie de ses produits de pêche et de chasse. Les deux amis, après avoir séjourné à Sô-Ava pendant un moment, se sont dirigés vers Porto-Novo. Alors que Tê-Agbanlin s’est installé à Porto-Novo où il construisit une habitation dénommée « Hogbonou ». Soholou, pour rester proche de Tê-Agbalin et continuer ses activités de chasse et de pêche, élit domicile à son tour sur l’actuel site des Aguégués où il trouva à son arrivée Amoussou Aguégué (fils du chef de Vakon).
La collectivité des Dankonou quant à elle est constituée de la descendance de Gnancadja Zounhon, ami du chasseur Amoussou Aguégué (qui serait un fils d’un chef de village de Vakon dans la commune d’Akpro-Missérété). Selon l’histoire soutenue par cette collectivité, le territoire des Aguégués fut fondé par Gnancadja Zounhon, leur ancêtre éponyme. Ce dernier serait aussi venu directement d’Adja-Tado plus précisement de Sogbonouhoué en fuyant les conflits fratricides.
Gnancadja Zounhon et l’un de ses frères Todjinou se sont installés à l’Ouest à Sowè (Houédogbadji) puis à Dékanmè (deux localités de la commune de Sô-Ava). De Dékanmè, Gnancadja s’installera sur un îlot plus vaste à l’Est de la rivière « Sô » qu’il appela « Zoungbo-Fonsa » (sur la rive droite des Aguégués mais proche de Dékanmè). Ce dernier, en faisant la chasse vint retrouver Amoussou Aguégués au lieu-dit Kogboho (actuelle place publique appelée Sohonto). Gnacadja Zounhon épousa Gbassègbo, sœur de Amoussou Aguégué. En souvenir à son gendre, Gnancadja Zounhon consacra la localité à qui il donna le nom ‘’Aguégué’’.
Le deuxième groupe, les Ouémènous seraient venus plus tard d’Abomey en fuyant les attaques du roi d’Abomey au cours de la première moitié du 18è siècle. Ils étaient conduits par Zoungla et ses compagnons Houndagnon, Ahésou, Houénou, Atchassou, Assin et se sont installés dans l’arrondissement d’Avagbodji. Certains Ouémènous s’installèrent plus tard dans le village d’Agbodjèdo dans l’arrondissement de Houédomè.
Cette commune de 44 562 habitants (selon le 4ème RGPH) et dirigée actuellement par GANDONOU Marc compte 23 villages répartis dans les 3 arrondissements que sont : Avagbodji, Houédomè et Zoungamè. La commune des Aguégués est limitée au Nord par les communes de Dangbo et d’Akpro-Missérété, au Sud par le lac Nokoué et la commune de Sèmè-Podji, à l’Est par la lagune de Porto-Novo et la ville de Porto-Novo et à l’Ouest par le lac Nokoué et la commune de Sô-Ava.
D’un point de vue stratégique, elle se situe sur les lagunes marécageuses, les itinéraires lacustres et fluviaux qui relient les deux plus grandes métropoles du pays : Porto-Novo (la capitale politique du Bénin) et Cotonou, capitale économique. Elle est à 6 km de la première et à 15km de la seconde. La même chaine lagunaire se poursuit sans discontinuer vers l’Est jusqu’à Badagry et Lagos au Nigeria. De ce fait, "Aguégués" est un passage obligatoire pour la majeure partie du trafic lagunaire et fluvial (sur le fleuve Ouémé) entre la lagune de Porto-Novo et le lac Nokoué à Cotonou.
On y parle couramment les langues Goun et Wémè. Chaque année les habitants célèbrent avec grande passion le Wémèxwé, fête identitaire du département de l’Ouémé.
Par ailleurs, si l’activité principale des aguégués tourne autour de la pèche et ou la pisciculture, cette commune offre aussi une flore dominée par les palmeraies lacustres.
Le déplacement à Aguégués se fait par le biais des pirogues et des barques motorisées et permet de voir la flore lacustre ainsi que les sites touristiques comme le gite de lamantin d’Afrique et la forêt Bamèzoun, le place Goukon et Sohonto, le buisson de Wandja, le palais royal de Soholou, et des épaves de navires de guerre. On peut passer un bout de temps dans les habitations sur pilotis en consommant du Hwegnan (purée de poisson) qui est une spécialité locale, ou en assistant à une partie de Atchi.